Cette communication, qui reprendra des principaux aspects de mon dernier livre “Charles Péguy ou les vertiges de l’écriture”, se présentera comme une réponse à nombre d’idées toutes faites et faussent qui circulent sur l’œuvre de ce grand écrivain, qu’il s’agisse de son style ainsi que de ses idées et convictions. Ce sera, ainsi, une réponse à tous ceux qui disent quePéguy est illisible. Il suffit de se plonger dans les  milliers de pages de littérature qu'il  nous a léguées pour se  persuader du  contraire. On  y trouvera plusieurs registres, plusieurs styles. On y passera du prosaïque au ton le  plus solennel, du lyrisme à la  polémique, de la  mystique à la  politique et inversement. Mais au travers de cette incroyable diversité, on partagera, de ligne en ligne, de vers  en vers,  d'un livre à l'autre, le  même mouvement de l'écriture. Car Péguy ne nous présente jamais l'œuvre comme achevée. Il nous restitue le  mouvement de l'écriture. Et c'est ce  qui donne à celle-ci son étonnante modernité. C'est  en effet une œuvre  multiple,  qui  s'écrit, se  fait, se constitue sous nos yeux. Une œuvre ouverte, jamais refermée sur elle-même, jamais achevée. Chacun  des livres qui la composent s'ouvre sur un autre, bannissant toute frontière, toute interruption, dans ce qui est un flux, un mouvement. Cette communication sera aussi une réponse à ceux qui professent qu'il y aurait chez Péguy une œuvre en vers et une œuvre en prose. Rien n'est plus faux. On  le verra : les  vers naissent de la prose et y retournent. Elle sera aussi une réponse à ceux qui affirment qu'il y aurait, d'une part, des textes poétiques et, d'autre  part, des textes polémiques. Là   encore, une fois encore, rien n'est plus faux. Les   mêmes textes regorgent de poésie et de polémique. Elles sont indissociables. Cette communication sera encoreune réponse à tous ceux qui ont développé une conception plate, et platement linéaire, des vers de Charles Péguy, et qui n'ont  cessé de méconnaître ce qu'il n'a cessé de défendre et de mettre en œuvre, sous le nom de tapisserie. La poésie de Péguy est toujours l'entrecroisement de deux axes  - l'horizontal et le vertical -, qui composent ensemble une écriture très remarquable en ce que le  sens est  constamment le fruit de la conjonction de ces  deux axes  et que dans l'ordre du vertical, la  rime, les  cadres syntaxiques, le lexique et les  rythmes constituent des  ensembles qui se reproduisenttout en se   modifiant  de vers en vers, et  tissent des significations toujours nouvelles avec la lecture linéaire.C'est une véritable conception symphonique de l'écriture qui nous est  ainsi offerte.