LI Международная научная филологическая конференция имени Людмилы Алексеевны Вербицкой

Меланхолия как химера: Жерар де Нерваль и «El Desdichado»

Сезар Мартинес Селис Диас
Докладчик
аспирант
Санкт-Петербургский государственный университет

190
2023-03-16
15:00 - 15:30

Ключевые слова, аннотация

Меланхолия; Жерар де Нерваль; Химера; Факт; Вымысел

Тезисы

La mélancolie chez le poète Gérard de Nerval (1808-1855) n’a pas une seule signification, mais elle devient un concept multidimensionnel, une image récurrente dans l’œuvre du poète mais aussi presque un symptôme dans sa vie. Pour en parler, il ne suffit pas d’appréhender sa poésie en ne considérant que le contexte littéraire de la mélancolie parisienne du dix-neuvième. La longue tradition mélancolique se trouve ici au milieu d’une poétique particulière qui permet sa reconstruction en utilisant des différentes caractéristiques soudées dans une combinaison qui semble propre à la figure tourmentée de Nerval.  La mélancolie française du XIXème se présente assez complexe, principalement sous la conception du « spleen ». Néanmoins, il est nécessaire de faire la distinction de ce spleen, qui sera développé par d’autres poètes, parmi lesquels Charles Baudelaire porte peut-être le rôle le plus important. Ce spleen est lié à un sentiment éphémère, où il y a de la tristesse douce et de l’ennui. Il n’est pas la même « maladie » hippocratique des siècles antérieures, et il n’est pas guérissable à travers des pratiques déjà connus. Le spleen est plutôt une condition qui est vécue par quelques poètes, et il est utilisé pour la création poétique. Les poètes prennent des images traditionnelles de la mélancolie pour la représenter, mais en les appliquant dans une nouvelle perspective à la réalité quotidienne. L’image du poète mélancolique n’est pas nouvelle mais elle s’adopte et revêt un aspect approfondi pendant cette période.  Pourtant, la mélancolie désignée par Nerval emprunte ces images traditionnelles et elle se concentre sur elles-mêmes. En outre, la mélancolie nervalienne ne semble si éphémère que le sentiment spleenétique. Dans ce cas-ci, la nature contradictoire et ambigüe de la mélancolie est dans le centre. Ici, il vaut la peine de mentionner le poème « El Desdichado ». Ce poème sert comme preuve pour démontrer la coexistence possible de ces éléments que habituellement appartiendraient à des identités opposés ou qui pourraient vivre sans besoin des autres. La mélancolie, ici, est un résultat créé, on peut dire fictif, à partir d’une combinaison de caractéristiques réels. Il n’est pas aléatoire que ce poème soit le premier dans une série intitulée « Les Chimères ». Dans la poésie de Nerval, la mélancolie est une autre chimère. Il fait partie, consciemment ou inconsciemment, des éléments autour de lui-même pour reconstruire une identité presque multi-corporel.  « Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolée », annonce dans le premier vers du poème la voix lyrique dans un essai d’établir cette identité. Chaque caractéristique possède la même importance pour la définition de la figure qui porte le nom  de « Desdichado », même s’il n’est pas nécessaire de les connecter. C’est-à-dire, au même moment que tous ces mots gravitent autour de l’idée de l’absence, chacun comprend l’absence sous un jour différent: lumière, compagnie ou paix. Toutes ces absences vivent dans la même structure, bien que chaque partie soit distinguable. Mais c’est précisément la coexistence de ces caractéristiques spécifiques qui forme cette figure désormais identifiée. On se rend compte ici que ce n’est pas une mélancolie générale, mais celle qui est seulement applicable dans ce contexte spécifique. Il est absolument nécessaire de comprendre que la conciliation de toutes ces éléments se révèle, au moins dans le cas de Nerval, seulement atteignable dans la structure poétique. La mélancolie, ou peut-être plus précisement, la dépression et les crises éprouvées par le poète ne pouvaient pas résider dans un seul corps sans le déchirer. L’interruption de la vie du poète sera la preuve de cette affirmation. Ici, il ne faut pas prendre légèrement le concept de dépression non plus. Il sera plus développé dans le siècle suivant, mais pour l’instant on peut considérer que ce concept peut être utile pour faire la distinction entre les types de mélancolies. Alors, si dans la vie réelle le poète ne peut pas trouver un moyen pour la comprendre clairement, il va se servir donc aussi de la littérature pour exprimer ces sentiments compliqués. Le langage poétique permet une flexibilité unique. La mélancolie réelle ne peut pas être comprise qu’à travers ces représentations fictives, seulement á travers de la non-lumière de ce soleil noir qui habite le ciel de Nerval.  Aujourd’hui, bien évidement, il n’est pas possible de faire un diagnostic précis pour définir l’état psychologique du poète. Mais à travers ses textes on peut essayer de comprendre quels éléments réels il a utilisé pour représenter ces crises, cette dépression et cette mélancolie. On peut se servir des images fictives créés par Nerval pour comprendre sa réalité. On parle ici d’un processus similaire à celui de l’interprétation ou déchiffrement du synecdoque. Dans chaque partie de la chimère mélancolique on trouve une partie de la totalité. Les deux mélancolies acquièrent une puissance similaire et ce n’est qu’à travers de l’une qu’on peut arriver à l’autre. Les procédes poétiques de la création de la mélancolie « fictive» dans la poésie de Nerval permettent de comprendre sa mélancolie « réelle».

Нерваль, Г. Les filles du feu//Les Chimères. Gallimard. Париж. 2005.
Миранда, М. Леонор Бустаманте. Los diagnósticos de Gerard de Nerval: La influencia de la locura en la genialidad literaria. Rev Med Chile. 2010. № 138. С. 117-123.
Старобинский, Ж. L’encre de la mélancolie. Points. Париж. 2015.Юханнисон, К. История меланхолии. Новое литературное обозрение. 2021.